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Covid, isolement et intégration



Hilde, c’est le rire, une présence, de la bonne humeur et le souci de l’autre. Vous la rencontrez et elle vous marque à vie. Mais dans cette pandémie qui entrave le monde entier depuis plus d’un an, l’isolement est un fléau pour beaucoup… pour elle aussi.


En préambule, replaçons notre article en contexte. Hilde est célibataire, elle vit seule. Après avoir vécu 20 ans à Brakel, elle déménage à Heusden-Zolder – de l’autre côté du pays – fin 2019. Dans sa nouvelle ville, elle ne connaît personne, si ce n’est les autres participants au projet de communauté qu’elle rejoint. Elle a soif de s’intégrer profondément à son nouvel environnement, d’être au service des gens, de refléter Christ auprès de ceux qu’elle rencontrera. Les cartons de déménagement sont enfin vidés, il est temps de pousser la porte et de répondre concrètement à l’appel de Dieu… et voilà qu’un confinement, puis un deuxième, ainsi que de nombreuses mesures gouvernementales changent la donne.


« Les gens me manquent. »


« Cela fait des mois que je n’ai pu inviter quasi personne chez moi », nous raconte-elle. « Tous les jours, je vois des gens par écran interposé, mais ça ne suffit pas : j’ai besoin de contact concret. Je passe des jours seule avec moi-même ! » Si les frustrations sont bien présentes, Hilde refuse de se laisser abattre. En mars 2020, elle propose ses services à ses voisins directs, s’inscrit sur un site de bénévolat, et finit par assurer, via internet, le suivi scolaire d’une fratrie de cinq enfants. Lorsque les mesures sanitaires sont levées au début de l’été, Hilde rencontre les autorités politiques et sociales de la ville – peut-être pourra-t-elle enfin s’intégrer ? Quelques options lui sont offertes, mais rien ne semble lui convenir. C’est alors que la Belgique instaure un deuxième confinement. Un coup dur pour Hilde qui pense ne pas pouvoir le supporter, mais qui se raccroche aux promesses qu’elle lit dans la Parole de Dieu.


« Des options auxquelles je n’aurais jamais pensé. »


Pendant le deuxième confinement, Hilde reçoit une proposition de bénévolat dans une maison de retraite. Une proposition qu’elle avait déjà reçue l’été dernier, mais qu’elle avait alors décliné : elle a déjà des contacts avec des personnes âgées – d’ailleurs, elle s’occupe de ses parents vieillissants – et il serait peut-être plus judicieux de nouer des relations avec des gens plus jeunes, au cas où elle pourrait parler de sa foi. Mais cette fois, elle accepte, persuadée que cela vient de Dieu. C’est une révélation : « En fait, être entourée de personnes de 80 ans et plus, c’est découvrir leur expérience de la vie. C’est me rendre compte que ma présence casse leur isolement, un sentiment réciproque. Et puis, je partage aussi le quotidien du personnel soignant. » Hilde est ravie de son expérience, au point d’envisager la poursuivre à long terme, même lorsque le Covid sera loin derrière nous.


« L’intégration, le bocal qui disparaît. »


L’intégration, l’antidote à l’isolement ? A l’instar d’un poisson qui quitte le bocal qu’il a toujours connu pour rejoindre l’inconnu de l’océan, Hilde a changé de région pour venir à la rencontre des gens. « Dans le passé, ma vie et mon agenda étaient centrés sur les besoins des croyants. Un jour, j’ai compris que le Seigneur nous appelait à intégrer la vie de ceux qui nous entourent – et non pas attendre qu’ils viennent nous rendre visite dans notre bocal. » Sortir du bocal ? Pour ne plus jamais y retourner ? La réponse de Hilde est limpide : « Peut-être ne faudrait-il plus de bocal. Juste des poissons qui voguent dans l’océan, parce que c’est là où Dieu les a placés. Régulièrement, ils se rassemblent au beau milieu de l’océan pour nager ensemble et glorifier leur Créateur. Les poissons qui ne connaissent pas le Seigneur peuvent les observer, parfois à distance, puis se rapprocher petit à petit. Et ce rapprochement sera certainement plus facile sans devoir passer par le goulot étroit d’un bocal. ». Plus d’évangélisation, alors ? « Le Seigneur s’en charge », affirme-t-elle. « L’important est de le refléter où que nous soyons, même sans paroles. Il faut que notre présence devienne Sa présence. Par l’intégration, je rencontre les gens là où ils sont et ils me rencontrent. Nous sommes tous au même niveau. » Même sa manière de prier a évolué. Au lieu de cibler telle personne ou tel sujet, Hilde a pris l’habitude de demander au Seigneur de la rendre chaque jour un peu plus sensible à Sa voix pour qu’Il la guide là où elle lui sera utile : « C’est comme ça que je me suis retrouvée bénévole à la maison de retraite », conclut-elle.


Une interview de Eunice Parodi



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