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Troisième étape | Rassembler en Communautés


Eric Zander


Qu'est-ce qu'on mange ? Italien, chinois, grec ?


Dans notre culture consumériste et individualiste à outrance, tout tourne autour de moi. Mon opinion, mes préférences alimentaires ou vestimentaires, mon style de musique, mon shampoing pour mon type de cheveu, mon épanouissement personnel... d'ailleurs « je le vaux bien. » Facebook et Google m'analysent en permanence pour assurer qu'on me propose les produits qui reflètent mes sensibilités et ma personnalité.


Pas étonnant donc si, bien souvent, la foi se voit conjuguée, voire même appropriée, à la première personne du singulier. Je raconte mon témoignage personnel, comment j'ai décidé de suivre Jésus, ma nouvelle naissance, ma foi en mon Sauveur, le moment où « j'ai pris mon baptême », mon culte personnel, mon église, avec mon pasteur. D'ailleurs j'évalue mon église en fonction de mon épanouissement personnel. Et si je ne suis pas bien nourri, pas assez touché par la louange, pas suffisamment soigné ou encouragé, je sens que le Seigneur me conduit vers une autre assemblée, plus adaptée à mes besoins.


Ainsi, nous faisons de l'église un lieu de consommation qui flatte les préférences personnelles, un peu comme un restaurant qui cherche à satisfaire le goût du client. Et le restaurant joue bien de jeu en s'efforçant de fidéliser ses habitués, tout en tâchant d'en attirer de nouveaux.


Or, on est face à un paradoxe lorsque l’on regarde au rassemblement des disciples de Jésus en Communautés intégrées, qui est la troisième étape de notre stratégie. Celle-ci est indispensable car il n'y aura pas de mouvement de l'Évangile dans notre pays sans passer par la case communautaire.

D'une part, à l'adaptation consumériste du restaurant, la Bible réplique par l'intégration participative de la famille.

D'une part, à l'adaptation consumériste du restaurant, la Bible réplique par l'intégration participative de la famille. « L'Église du Dieu vivant » n'est jamais présentée comme une institution, ou une entreprise commerciale, mais comme « la famille de Dieu » (1). Et cela impacte les relations à l'intérieur et à l'extérieur, tout comme le processus d'intégration.


La Communauté intégrée des disciples de Jésus, l’expression locale de l'Église du Dieu vivant, est bien l'antithèse du consumérisme individualiste. Dans cette famille, le « nous » prédomine sur le « je », les intérêts des autres passent avant les miens (2). Dans cette famille, la participation remplace la consommation, « les uns les autres » plutôt que mes droits et mes attentes. Même « mon salut » signifie beaucoup plus qu'une adoption personnelle par mon Père céleste : me voilà incorporé à une famille autour d'un « seul Dieu et Père de tous » (3) . Ainsi le salut, la marche avec Dieu, la transformation à l'image de Christ procèdent davantage d'une démarche collective. L'Église, ce n'est pas cette institution à mon service ; l'Église, c'est nous, au service les uns des autres.


La famille de Dieu devient le lieu privilégié de l'épanouissement individuel et collectif, depuis l'accueil du nouveau « bébé de Dieu » jusqu'à la croissance de chacun à l'état adulte, à l'image de notre grand frère, Jésus. La famille de Dieu, c'est aussi l'espace où les enfants égarés, les fils prodigues, pourront expérimenter l'amour du Père en action. L'Évangile doit (re)devenir une bonne nouvelle familiale.

D’autre part, si l'Église en tant que famille n'a pas pour vocation de plaire aux clients, mais d'intégrer des enfants, elle va cependant naturellement refléter leur identité culturelle.

D’autre part – et c’est là qu’est le paradoxe – si l'Église en tant que famille n'a pas pour vocation de plaire aux clients, mais d'intégrer des enfants, elle va cependant naturellement refléter leur identité culturelle. Chaque famille est différente. Chaque famille se distingue par ses habitudes, son histoire, ses traditions, mais aussi son enracinement dans son contexte. La manière d'exprimer et de vivre l'amour fraternel se colore du contexte culturel. L'amour familial s'exprimera différemment dans une culture germanique, latine ou asiatique. Ainsi, la famille de Dieu, dans son expression particulière, locale ou tribale (4), intégrera les codes culturels de son contexte. La Communauté intégrée de disciples de Jésus manifestera de la sorte l'authenticité de sa relation au Père et à son contexte.


Voilà donc la troisième étape de notre mouvement stratégique. Après l'incarnation de l'Évangile de Jésus dans le monde qui nous entoure, à la suite du cheminement et du façonnage de disciples, vient naturellement le rassemblement des disciples en Communautés intégrées. En réponse à l'individualisme consumériste ambiant, nous voulons vivre cette réciprocité de la famille de Dieu, au cœur de notre culture, comme un avant-goût du Royaume qui vient.

 

(1) 1 Timothée 3:15

(2) 1 Corinthiens 10:24

(3) Ephésiens 4:6

(4) Une Communauté tribale se rassemble autour d'un intérêt commun, d'une passion ou situation de vie commune (par exemple, Communauté de motards, d'étudiants, de retraités, d'hommes/femmes d'affaires...).

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